Publiée dans LeMonde.fr le 22 février 2011
Mesdames et Messieurs les députés, Merci.
Le jeudi 10 février, en première lecture du projet de révision de la loi de bioéthique, vous avez adopté l’amendement n°95 de Madame Claude Greff, visant à rendre possible en France le don d’organe entre personnes vivantes ayant un lien étroit, stable et avéré.
Merci d’avoir rendu possible cette avancée majeure, dans le sens de l’évolution des mÅ“urs et dans l’intérêt des milliers de patients en attente de transplantation rénale dans notre pays.
Merci d’avoir entendu leur désarroi et leur détresse, ainsi que celle de leurs proches.
Merci d’avoir su prendre en compte l’évolution des connaissances et les données tout à fait rassurantes concernant le devenir médical et psychologique des donneurs vivants.
Merci d’avoir compris que la lutte contre la pénurie de greffons rénaux passe par le recours à toutes les solutions, sans les opposer les unes aux autres. Le don après la mort et le don du vivant sont ainsi parfaitement complémentaires et nécessaires.
La France est aujourd’hui à la traine de l’Europe dans le domaine de la greffe de rein, parce qu’elle a misé de manière quasi-exclusive sur les organes provenant de donneurs en état de mort encéphalique, au détriment des autres possibilités… et des patients.
A ce jour, la greffe rénale à partir d’un donneur vivant, bien qu’assurant les meilleurs résultats au plan médical (en comparaison à la greffe provenant d’un donneur décédé et encore plus à la dialyse), est trop souvent considérée comme subsidiaire. Les patients et a fortiori leur entourage ne sont pas informés de cette possibilité.
Merci d’avoir su rester sourds aux présages alarmistes et aux idées reçues.
Votre amendement ne va pas provoquer de révolution : il ne va pas déchaîner les trafics en tous genres, il ne va pas occasionner de pression supplémentaire sur les donneurs potentiels. Il va au contraire alléger celle qui pesait de facto sur la « famille élargie » au sens étroit où la définissait la loi. Il n’aura pas non plus d’incidence sur le prélèvement sur donneurs décédés, dont le développement peut et doit absolument se poursuivre.
Il va contribuer à faire connaître plus largement la possibilité de donner un rein de son vivant. Il va donner le droit à chacun de nos concitoyens d’être reconnu dans son désir légitime de venir en aide à un proche, quelle que soit la nature des liens qui les unissent.
Souhaitons que le sénat partage votre élan et que le gouvernement revienne sur son avis défavorable.
Pour Demain la Greffe,
Christian Baudelot, Dr François Bayle, Jacques N. Biot, Yvanie Caillé, Alice Casagrande, Jean-Claude Fages Pr Denis Glotz, Pr Christian Hiesse, Pr Maryvonne Hourmant, Pr Michèle Kessler, Dr Sylvie Mercier, Nathalie Mesny, Dr François-Jean Michel, Pr Georges Mourad, Pr Claire Pouteil-Noble, Cédric Rousseau, Dr Alain Tenaillon
Demain, la Greffe est un laboratoire d’idées – think tank – indépendant, consacré au don et à la greffe d’organes.
Il réunit des patients, des proches de patients, des donneurs, des professionnels du prélèvement et de la greffe, des universitaires et des représentants de la société civile issus des horizons et des expériences les plus divers.
Tous partagent une vision de ce que devraient devenir le don d’organes et la greffe en France.